Ma vie, mon corps

Pour les laïques, le droit à disposer de son corps est un pilier de la dignité humaine. Chacun devrait pouvoir faire ses choix de vie, chacun devrait pouvoir faire ses choix de mort.

No future

En 1962, à l’initiative de l’association laïque La Famille Heureuse, s’est ouvert le premier centre francophone de planning familial à Bruxelles. Éducation sexuelle et affective, consultations médicales, conjugales, juridiques et sociales, formations, etc. En phase avec l’évolution des mentalités, des centres de planning vont se multiplier dans tout le pays pour constituer l’un des axes de travail principaux du mouvement laïque.

L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) reste un combat majeur pour l’apprentissage du respect de l’autre, la prévention des grossesses précoces et des infections sexuellement transmissibles. Malgré quoi, l’EVRAS n’est toujours pas inscrite de manière obligatoire dans le cursus des élèves. La sexualité est pourtant un comportement naturel et largement partagé. Refuser de l’envisager à l’école revient à maintenir une discrimination envers les filles et à enfermer les garçons dans des rôles déterminés (le mâle dominant, par exemple) dont les effets sont néfastes sur le développement de la personnalité.

En matière de droit à une sexualité librement consentie, ce n’est qu’en 1973 que la contraception est devenue légale en Belgique, grâce à la pression populaire qui
suivit l’ « affaire Peers ».

Willy Peers était médecin humaniste, qui fut arrêté et condamné pour avoir pratiqué des avortements. L’avortement proprement dit, lui, ne sera dépénalisé partiellement qu’en 1990 (loi Lallemand-Herman-Michielsens), même s’il était pratiqué depuis le milieu des années 70 par de nombreux plannings familiaux, évitant ainsi les décès liés aux avortements clandestins ou leurs séquelles physiques et morales irréversibles.
Le Centre d’Action Laïque est un membre très actif de la plateforme Abortionright, qui veille à ce que les « droits reproductifs » soient respectés.

À l’autre bout de la vie, la laïcité reconnaît à chacun le droit à mourir dignement : respecter une personne, c’est aussi lui reconnaître le droit de déterminer les modalités de sa propre fin.

Songez qu’avant la loi du 28 mai 2002, qui réglemente strictement l’acte d’euthanasie, celui-ci était automatiquement assimilé à un assassinat – même si, dans la pratique on pouvait toujours s’accommoder des situations délicates…

Faut-il cautionner l’acharnement thérapeutique, laisser souffrir les mourants au nom de la sacralisation de la vie, condamner à la dépendance et à l’inaction totale des personnes se trouvant dans un état irréversible ?

Pour les laïques, la réponse est non. Ta vie t’appartient, à toi et à personne d’autre. Cela ne veut pas dire que la laïcité refuse les soins palliatifs, qui consistent à atténuer la douleur des mourants à coups de médications comme la morphine. Ce qui compte, c’est que chacun puisse agir selon ce que lui dicte sa conscience.

Et s’il n’a plus sa conscience ? C’est fréquent, avec la maladie d’Alzheimer par exemple. Pour prévenir ce problème, l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) propose à ceux qui le souhaitent de faire une « déclaration anticipée », dans laquelle ils déclarent, moyennant des conditions déterminées, refuser tout « acharnement thérapeutique », bénéficier des meilleurs soins palliatifs et s’ils se trouvent dans une situation médicalement sans issue, d’obtenir une aide médicale active pour provoquer le décès.

Bref : une société laïcisée, c’est une société qui n’avantage ou ne discrimine personne en fonction de ses convictions. Mais c’est aussi une société dont une partie n’impose pas ses vues à l’autre sur le plan des libertés individuelles. Une telle société te paraît aller de soi ? Tant mieux. Mais l’histoire comme l’actualité montrent qu’au contraire, y parvenir nécessite un combat de tous les jours…

Route fin de vie